Catégories
Univers professionnel

Les jeunes dictent-ils vraiment le futur des réseaux sociaux ? Pas si sûr.

« Les jeunes choisissent, les vieux suivent. » Vraiment ?
Depuis des années, une idée bien ancrée voudrait que les jeunes générations soient les prophètes des tendances numériques. Si un ado de 15 ans scrolle frénétiquement sur une nouvelle appli, on parie que dans deux ans, ce sera la nouvelle norme. Instagram a éclipsé Facebook ? Les jeunes l’avaient prévu. TikTok a explosé ? Merci la Gen Z. Mais voilà, cette logique commence à se fissurer. Et si ce n’étaient plus uniquement les jeunes qui déterminaient les réseaux sociaux populaires ?

Un écosystème devenu instable
Nous vivons à une époque où les réseaux sociaux n’ont jamais été aussi nombreux, et surtout, aussi fragmentés. Avant, c’était simple : un réseau émergeait, séduisait d’abord les jeunes, puis les autres suivaient en masse. Mais aujourd’hui, l’écosystème évolue à une vitesse folle. Les plateformes naissent, s’effondrent, renaissent sous une autre forme. Les utilisateurs sont de plus en plus multiplateformes et leur fidélité diminue drastiquement. Résultat : les communautés migrent, mais pas toujours dans le même sens. Pendant que les ados jouent sur BeReal, leurs parents découvrent Threads et leurs grands-parents se lancent (timidement) sur TikTok.

Une fracture générationnelle en accélération
La multiplication des plateformes accentue un phénomène qu’on sous-estime : la différenciation générationnelle et communautaire. Les jeunes ne dictent plus un futur, mais des micro-futurs. Chaque groupe s’installe sur son territoire numérique, souvent hermétique aux autres. Les gamers ? Discord reste leur refuge, peu importe ce que propose Instagram. Les activistes ? Mastodon ou Bluesky pour éviter les algorithmes de masse. Et on pourrait continuer : Pinterest pour les amateurs de DIY, LinkedIn pour les pros qui détestent TikTok mais adorent poster des citations. Le mythe du réseau social universel est mort.

Technologie : le moteur qui brouille les cartes
Ajoutez à cela la rapidité des innovations technologiques. Qui aurait parié il y a dix ans sur des formats comme les vidéos courtes de 15 secondes de TikTok ? Ou le buzz éphémère d’un réseau sociaux vocal comme Clubhouse (même si celui-là s’est vite éteint) ? Des avancées comme l’intelligence artificielle générative ou la réalité augmentée ouvrent constamment de nouvelles portes. Ces innovations ne ciblent pas uniquement les jeunes. Snap Spectacles, Meta Quest… Ces technologies séduisent aussi bien les milléniaux nostalgiques que les Boomers curieux. Et demain ? Peut-être qu’une appli de réalité augmentée deviendra incontournable auprès des plus de 50 ans (avec l’essor annoncé des lunettes connectées) pendant que les ados auront basculé sur un réseau basé sur le partage d’hologrammes via un jeu vidéo.

La fin des prophètes du numérique
En réalité, l’idée selon laquelle les jeunes générations prédisent l’avenir des réseaux sociaux repose sur une époque révolue : celle où les plateformes étaient rares et où chaque nouveau venu pouvait dominer l’ensemble des âges. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une pièce du puzzle. Les réseaux sociaux fonctionnent de plus en plus comme un écosystème mouvant, où chaque génération, chaque niche, chaque communauté joue sa partition.

Alors, au lieu d’attendre le prochain réseau social prophétisé par la Gen Z, il faudrait peut-être reconnaître qu’il n’y a plus de TikTok « universel ». Il y aura des TikToks pour chaque communauté. Un écosystème où l’influence n’est plus un monopole générationnel, mais une mosaïque mouvante.