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Guide pour une pratique saine des media sociaux

Faut-il suivre les recommandations des média sociaux ?

Les media sociaux sont devenus des outils incontournables dans nos vies personnelles et professionnelles. Mais à mesure qu’ils se sont développés, les négativités qu’ils engendrent se sont également multipliées : trolls, harcèlement, notifications excessives, engagement farming, censure… Cette emmerdification des media sociaux est largement reconnue, elle est inhérente au fonctionnement de leurs algorithmes qui manipulent les utilisateurs.

Une question se pose alors : Faut-il suivre aveuglément les recommandations des réseaux sociaux ? Ces recommandations, qui ont pour but de maximiser le CA de la plateforme, ne se font-elles pas au mépris de leurs utilisateurs ? Comment modifier collectivement notre pratique pour une expérience plus saine ?

Cet article, recense les principaux problèmes des média sociaux et propose des bonnes pratiques pour reprendre la main sur leur fonctionnement.


Les bonnes pratiques sur les media sociaux

  • Repostez systématiquement les contenus que vous jugez intéressants et n’utilisez pas les likes.
  • Postez des liens externes et ne publiez jamais de threads.
  • Cliquez sur les liens externes et lisez les articles.
  • Bloquez / ignorez les comptes toxiques : trolls, indignation systématique, insulte, fake news.
  • Masquez / ignorez les comptes qui font de l’engagement farming : sondages, concours, questions simplistes, contenus publicitaires, boomer trap.
  • Suivez les nano-influenceurs proches de vous plutôt que les macro influenceurs et célébrités.
  • Proposez des interactions qualitatives en faisant l’effort de rédiger des commentaires constructifs.
  • Signalez les comportements inappropriés : harcèlement, racisme, appel à la haine, pornographie…

L’emmerdification des réseaux sociaux et ses solutions


1. Le faible reach organique

Problème : Les recommandations d’optimisation des algorithmes préconisent une production continue de contenu, l’adoption de formats à la mode et une activité quotidienne. Un rythme intenable pour les créateurs de contenu qui les conduit parfois au burnout. Et malgré cela, le reach organique est tellement faible qu’il devient illusoire d’espérer obtenir une visibilité significative en jouant le jeu. L’exposition est bien trop courte et le trafic reste sur les plateformes ; à la différence du SEO, qui maximise le trafic que les moteurs de recherche envoient vers les sites.

Exemple :

  • Sur Facebook, le reach organique moyen est seulement de 5,2 % des abonnés (Source : Hootsuite, 2023).
  • Sur Instagram, il atteint 9,34 % en moyenne.
  • Sur LinkedIn, il reste autour de 10-12 %.

Solution :

  • En postant
    • Diversifiez vos canaux de publication externes (blogs, sites newsletters).
    • Ne cherchez pas à plaire aux algorithmes, mais à créer un contenu original et cohérent.
    • Ne publiez jamais de threads mais des liens externes, ceci afin de libérer l’audience des plateformes.
  • En lisant
    • Repostez systématiquement les contenus que vous jugez intéressants afin de leur offrir la visibilité que l’algorithme leur refuse.
    • N’utilisez pas le like, sauf pour valoriser un commentaire sous un de vos posts.
    • Cliquez sur les liens externes et lisez des articles. Ils alimenteront vos réflexions, votre esprit critique et votre culture générale bien plus durablement qu’un post.

2. Les trolls et les comportements toxiques

Problème : Les trolls perturbent les discussions, provoquent des polémiques inutiles et diffusent des contenus haineux ou des fake news. Leur objectif ? Déstabiliser les utilisateurs et nuire à la qualité des échanges.

Solution :

  • Bloquer ou masquer ces comptes pour limiter leur influence.
  • Ne répondez jamais aux provocations. « Don’t feed the troll ». Une interaction avec vous leur procure de la visibilité. Gardez à l’esprit que ce sont parfois des robots et vous éviterez de vous ridiculiser en vous fâchant après un logiciel.
  • Signalez les comportements inappropriés afin de responsabiliser les plateformes.

3. La survalorisation des macro-influenceurs

Problème : Les algorithmes favorisent les comptes à forte audience, laissant peu de place aux créateurs de contenu de qualité qui sont d’autant moins visibles. Cette concentration nuit à la qualité des échanges que vous pouvez attendre de vos contacts, pour un macro influenceur vous n’êtes bon qu’à accroitre son chiffre d’audience. Les chances que vous ayez un échange intéressant avec lui sont nulles.

Solution :

  • Suivez des nano ou micro-influenceurs qui proposent des échanges riches et authentiques.
  • Encouragez des petits créateurs en partageant / commentant leurs publications.

4. L’engagement farming

Problème : L’engagement farming consiste à utiliser des techniques manipulatrices telles que : des sondages bidons, des questions ou des affirmations simplistes, ceci afin de maximiser les interactions sans apporter de réelle valeur.

Exemple :

  • Quelle était la chanson qui a marqué votre adolescence ?
  • Votre mois de naissance détermine votre animal totem. Quel est le vôtre ?
  • Thé ou café ?

Solution :

  • Ignorez ces contenus en évitant systématiquement d’interagir avec eux.
  • Masquez les comptes qui utilisent ces stratégies afin de limiter leur visibilité.

5. La pertinence des KPI fournis par les réseaux sociaux

Problème : Les plateformes mettent en avant des métriques comme les likes, partages ou impressions pour mesurer l’impact de vos actions. Mais ces KPI sont souvent superficiels et ne traduisent pas la vraie valeur d’un contenu ni d’une relation.

Exemple :

  • Les impressions comptabilisent chaque affichage, même sans interaction.
  • Les likes ne signifient pas une adhésion sincère.
  • Le taux d’engagement peut être artificiellement gonflé.
  • Des bots passent à travers les filtres et faussent les chiffres.

Solution :

  • Remettez systématiquement en question la pertinence de ces indicateurs.
  • Préférez des métriques qualitatives comme l’engagement sincère, les discussions constructives ou les retours positifs.
  • Mesurez la croissance de votre marque sur votre propre site, c’est le seul endroit où elle est rentable à long terme.

6. Les comptes de rage baiting

Problème : Le rage baiting repose sur la création de comptes volontairement choquants dans le but de susciter des réactions émotionnelles fortes et de maximiser l’engagement.

Exemple :

Un exemple notable d’utilisateur pratiquant systématiquement le “rage baiting” est l’influenceuse new-yorkaise Winta Zesu. Elle a construit sa notoriété en incarnant un personnage délibérément irritant, prétendant que son principal problème est d’être “trop belle”. Cette approche suscite de nombreuses réactions négatives, générant pour elle des vues et des revenus au détriment de ses followers.  

Solution :

  • Bloquez les comptes qui utilisent cette méthode pour limiter leur audience, et limiter ainsi leurs revenus.
  • Ne réagissez jamais aux contenus qui cherchent à provoquer votre colère. Gardez votre énergie pour des choses positives.

7. Le click baiting et les contenus trompeurs

Problème : Les titres accrocheurs, ou « clickbaits », promettent des révélations sensationnelles mais débouchent souvent sur des contenus sans intérêt ou trompeurs. Vous regretterez toujours d’avoir cliqué. Ces titres sont particulièrement présents dans Google Actualités.

Exemple :

  • Mbappé fait une grande annonce
  • Pourquoi tout le monde a tort sur ce sujet

Solution :

  • Masquez les sites qui abusent de ces titres dans Google Actualités et leurs comptes sur les réseaux sociaux.
  • Privilégiez des créateurs de confiance qui partagent des contenus vérifiés.

8. La censure arbitraire

Problème : Les plateformes modèrent certains contenus sans transparence, parfois de manière arbitraire. Cette modération opaque peut aller jusqu’à une fermeture arbitraire du compte. Certaines plateformes rognant sur les couts de modération et le SAV des cas de chantage ont même été révélés. Il vous faut protéger votre liberté d’expression et le cas échéant votre marque.

Solution :

  • Diversifiez vos canaux de publication : créez un blog, une newsletter ou un site personnel pour conserver un espace d’expression libre, dans le respect de la loi.
  • Sauvegardez vos publications pour éviter toute perte de contenu.
  • Publier à l’extérieur peut aussi servir de point de rendez-vous à votre communauté en cas de crash du réseau social. (CF Les inquiétudes sur l’arrêt de TikTok aux USA), les followers ne disparaissent pas, ils ne font que bouger.

9. Les « boomers traps »

Problème : Les « boomers traps » désignent des contenus trompeurs attendrissants (ou provocateurs) qui ciblent principalement des utilisateurs moins habitués aux codes des réseaux sociaux. Ils prennent la forme d’images émotionnellement fortes créées avec des outils d’intelligence artificielle dans le but de générer des interactions.

La mamie et son pull, exemple typique de boomer trap
La mamie et son pull, exemple typique de boomer trap

Exemple :

La gentille mamie qui montre le magnifique pull de Noel qu’elle a tricoté pour sa petite fille. Elle collectionne les likes parce qu’elle est attendrissante, mais c’est un fake : elle n’existe pas, je viens de la créer avec Midjourney.

Solution :

  • Bloquez les comptes qui publient de telles images.
  • Sensibilisez votre entourage aux risques liés à ces contenus trompeurs.

Valoriser plutôt que s’indigner

Lutter contre la toxicité des réseaux sociaux n’implique pas obligatoirement de les abandonner. Il est possible d’agir collectivement en s’astreignant à des comportements indépendants des injonctions des plateformes, et bienveillants en direction des autres utilisateurs.

Les pratiques proposées ici, telles que la valorisation des nano-influenceurs, l’utilisation de liens externes et la réduction des interactions avec les contenus toxiques, visent à proposer une expérience utilisateur plus saine pour les autres autant que pour soi-même.

On a coutume de dire que si c’est gratuit, c’est nous le produit. Plutôt que de suivre aveuglément les injonctions des plateformes, choisissons d’en prendre le contrôle afin de valoriser la qualité, l’authenticité et la diversité.