« Pourquoi lire quand on peut discuter ? » Voilà la question à laquelle l’Internet semble répondre de plus en plus bruyamment. Jadis champions toutes catégories du trafic organique, les contenus evergreen — ces articles intemporels sur “comment planter un avocatier en pot” ou “les meilleures stratégies SEO” — sont-ils en train de voir leur règne vaciller ? La faute à qui ? À ces petits génies bavards qu’on appelle des chatbots.
Une nouvelle expérience : du scroll au dialogue
La promesse est alléchante : plus besoin de fouiller les abysses de Google pour trouver le bon article. Il suffit de poser une question à ChatGPT ou à un autre assistant IA, et la réponse, souvent bien synthétisée, arrive plus vite qu’un espresso en terrasse. Plus interactif, plus contextualisé, plus précis aussi — du moins en apparence.
Et c’est là que le bât blesse pour le contenu evergreen. Ce contenu, longtemps optimisé pour les moteurs de recherche, devient… un réservoir. Une base de données pour des outils qui le résument, le digèrent, et le servent à la carte. Avec un petit sourire numérique en prime.
Le paradoxe du contenu non lu
Car, soyons honnêtes : ce qui rend les chatbots si efficaces, c’est bien la profusion du contenu… qu’ils n’ont pas créé eux-mêmes. Ils vivent et prospèrent grâce aux pages patiemment construites depuis des années par des créateurs humains. Ironie du sort : les contenus evergreen sont encore utiles — mais non plus lus. Ils sont minés.
L’expérience utilisateur est la clé : dialoguer avec une IA, c’est poser cinq questions en une, obtenir des réponses personnalisées, sans la lourdeur des liens bleus et des pop-ups. C’est une encyclopédie avec des yeux qui vous regardent. Une page Wikipédia qui vous répond comme un pote de bar.

La fin du trafic, mais pas du contenu ?
Alors que faire ? Abandonner les contenus intemporels ? Pas si vite. Leur rôle change, mais ne disparaît pas. Ils deviennent les fantassins d’un champ de bataille algorithmique plus complexe. Ce sont eux qui nourrissent les IA. Ce sont eux, les coulisses invisibles de la mécanique conversationnelle.
Mais en termes de trafic web ? La fête est finie. Ou du moins, elle déménage. On assiste à un transfert d’attention : de la lecture à la conversation. De la recherche active à la réponse instantanée. Et cela change tout pour ceux qui vivent des clics, pour les rentiers du SEO long tail.
Faut-il parler aux machines pour être lu ?
Peut-être est-ce là le tournant : les contenus doivent maintenant dialoguer pour exister. Être pensés non seulement pour les humains, mais pour les IA. Des formats plus structurés, des réponses plus directes, des données plus claires. Car demain, ce n’est pas un humain qui tombera sur votre article… c’est une machine qui décidera si ça vaut la peine de le résumer.
Le contenu evergreen ne disparaît pas. Il se transforme. Il devient invisible. Ce n’est plus la destination finale, mais la matière première. Dans un monde où les chatbots deviennent les nouveaux moteurs de réponse, la connaissance est toujours là — elle change juste d’interface.